dimanche 7 février 2016

Le livre d'Hanna

Auteur : Geraldine Brooks


Introduction
Geraldine Brooks est une écrivain et journaliste australienne, née à Sydney en 1955.
Elle fait ses débuts comme journaliste pour le Sydney Morning Herald, puis elle travaille pour le Wall Street Journal, où elle couvre des conflits du Moyen-Orient, d'Afrique et des Balkans.

En 2006, elle gagne le Prix Pullitzer avec son roman "March", inspiré du roman de Louisa May Alcott "Les quatre filles du docteur March", dont elle raconte les événements du point de vue du père absent, lors de la Guerre de Sécession aux Etats-Unis.

Avec "Le livre d'Hanna" ("People of the Book" en VO), publié en 2008, elle retrace le parcourt mouvementé de la Haggadah de Sarajevo, un manuscrit juif datant du Moyen-Âge, rédigé en hébreu et richement décoré avec des dessins et des enluminures.


Qu'est-ce que la Haggadah ?
La Haggadah (de l'hébreu "narration", "récit"), dans la tradition juive, raconte l'Exode du peuple juif d'Egypte, moment où les Hébreux accédèrent à la liberté après des siècles d'esclavage.
Ce récit s'accompagne d'un rituel : le Séder, un repas célébré lors de la Pessah (la Pâque juive). Il est composé d'une série d'étapes visant à faire revivre l'Exode aux participants : la Haggadah indique la procédure à suivre durant cette cérémonie.

L'origine de la Haggadah de Sarajevo est mal connue : on estime qu'elle aurait été créée en Espagne, au Moyen-Âge (vers le milieu du XIVe siècle), mais son auteur, tout comme la date exacte de sa création, reste inconnu.
Ce joyau du patrimoine juif, qui a échappé à l'Inquisition et à deux guerres, est actuellement conservé au Musée National de Bosnie, à Sarajevo.


Résumé
1996. Quand Hanna, jeune australienne, restauratrice passionnée de manuscrits anciens, apprend qu'on veut lui confier la célèbre Haggadah de Sarajevo, elle sent qu'il s'agit de la chance de sa vie. Plus à l'aise en compagnie des livres que de ses contemporains, elle part à la rencontre de ce précieux manuscrit hébreu, ressurgit des Balkans en ruine.


Mon avis
Je suis tombée sur ce livre complètement par hasard, à la bibliothèque, où j'avais été attirée par la jolie couverture (coup classique...) Je ne connaissais pas l'auteur, Geraldine Brooks, mais le titre et le résumé m'ont convaincue de me laisser tenter (je précise que je l'ai lu en anglais).

Avant de lire ce roman, je n'avais jamais entendu parler de la Haggadah de Sarajevo (ni d'une haggadah quelconque, d'ailleurs), et c'est donc sans a priori que je me suis laissée embarquer dans l'histoire.

Le titre (comprenez : le titre original), comme je le disais, est déjà intéressant.
"People of the Book" ("Les Gens du Livre"), permet de faire référence non seulement aux différents acteurs du roman, mais aussi à un concept du Coran ("ahl al-kitâb", ou... "les Gens du Livre" !) qui désigne les "fils d'Israël" (Israël étant l'autre prénom de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham), quelle que soit leur appartenance religieuse.
Il reflète bien la diversité des cultures et des religions que l'on trouve dans le roman, et je suis un peu perplexe par rapport à la traduction en français, "Le livre d'Hanna", qui non seulement n'évoque rien de tout cela, mais qui en plus limite l'impact de la Haggadah à la seule vie de l'héroïne...

La narration, quant à elle, se décompose en plusieurs parties : d'un côté, en 1996 (soit juste après la guerre de Bosnie-Herzégovine), on fait la connaissance d'Hanna, chargée de restaurer la précieuse Haggadah de Sarajevo. On suit alors son travail de restauration, au cours duquel elle trouve, disséminés dans les pages du manuscrit, des éléments qui pourraient donner des indices sur le parcours effectué par celui-ci (une aile d'insecte, un poil, des taches de vin...) Grâce à ses contacts dans les milieux culturel et scientifique, elle va se servir de ces trouvailles pour tenter d'identifier le contexte lié à leur présence dans le manuscrit.

En parallèle, on découvre donc l'histoire liée à chacun de ces éléments. Dans un ordre déchronologique, qui permet de remonter à l'origine du manuscrit, on est donc transporté dans le passé, à des moments clés du parcours de la Haggadah, où l'on assiste non seulement à sa création, mais aussi, à plusieurs reprises, à son sauvetage, in extremis, de la censure de l'Inquisition ou de la destruction pendant la guerre (d'abord la Deuxième Guerre mondiale, puis la Guerre de Bosnie-Herzégovine).

Au-delà de l'aspect matériel, c'est aussi une immersion dans l'histoire de la culture et de la religion juive, puisque, comme décrit plus haut, la Haggadah est un manuscrit servant au rituel du Séder, pendant la Pâque juive.
Les gens que nous rencontrons, lors de nos voyages dans le temps, sont donc juifs, mais pas seulement : en effet, c'est un prêtre catholique qui permettra au précieux livre d'échapper aux flammes de l'Inquisition, et ce sont des musulmans qui le dissimuleront durant chacune des guerres susmentionnées.

Précisons quand même, comme c'est noté la postface, qu'une bonne partie des faits et des personnages sont sortis de l'imaginaire de l'auteur, puisqu'on dispose de très peu d'informations concernant le parcours réel du manuscrit.

Je ne regrette pas de m'être laissée séduire par ce roman qui, en plus d'être une lecture très agréable, m'a permis d'apprendre beaucoup de choses (d'abord en le lisant, puis en me documentant pour rédiger ma chronique).

Geraldine Brooks est un auteur que je suivrai avec beaucoup d'intérêt !


Challenges concernés




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